Interview avec Monseigneur Henryk Hoser, Visiteur Apostolique en mission spéciale dans la paroisse de Medjugorje

Date: 19.05.2020.

Excellence, je vous remercied’avoir accepter de donner cet interview. Le monde s'est arrêté avec le coronavirus. Voyez-vous, Père Archevêque, quelque chose de positif et bon qui puisse naître de ce grand drame?

L'épidémie nous a surpris par son envergure, elle a une portée mondiale, c’est pourquoi nous l'appelonspandémie. A ce stade, elle a touché la plupart des états et des sociétés, et a en même temps,  provoqué la disparition de la vie sociale et économique. D'un autre côté, les croyants souffrent à  cause de grandes restrictions liées aux pratiques religieuses publiques, tout simplement les églises sont souvent inaccessibles, fermées ou il y a des règles : très peu de croyants peuvent être ensembles dans l’église. En outre, il s'agit d'une situation sans précédent, car lors de catastrophes naturelles ou de guerres passées, les gens courraient vers  les églises, alors qu'ils en sont maintenant privés. Cependant, d'un autre côté, ils restent à la maison et c'est une excellente opportunité pour les familles où  l’on n’a pas eu le temps d'être ensemble, car l'emploi des parents, la scolarité des enfants, les jardins d'enfants et les crèches, ont pour conséquences une situation où il n'y avait plus de relations familiales, les parents ne parlaient pas avec les enfants, ni les enfants avec les parents, les frères et sœurs se rencontraient moins souvent, il n'y avait pas de repas en commun et la prière familiale disparaissait. Ce temps est une occasion pour les familles de renaître dans leur vie commune et c'est pourquoi il est tout à fait unique pour nous. Sincèrement, il y a les descriptions de cette situation par les statistiques des infectés, des malades, des guéris, etc., en même temps nous avons aussi des statistiques liées à l'économie et aux perspectives d'avenir, mais nous avons de même un signe pour le monde entier. C'est une énorme humiliation pour ceux qui pensaient gouverner le monde, pour ceux quiont créé la seule idéologie importante de ce monde d’aujourd’hui,  l'idéologie du profit, le profit qui était le but de toute l'économie mondiale, les grands groupesinternationaux qui dominaientsur des gouvernements d’état et sur certains pays, et tout cela, pour ainsi dire, s'est effondré. Nous vivons un grand renouveau spirituel, qui nous oblige à réfléchir sur notre mode de vie, notre mode de vie de consommation, une civilisation d’ordures qui inondentle monde entier, et en même temps une civilisation d’ idées qui sont des ordures. Et ces idées ne donnent pas un sentiment de sens ni aucune perspective, nous revenons à des choses tout à fait fondamentales et vraiment  pour les croyants cette époqueest un temps de  réflexionalors qu’il est difficile d’accéder aux sacrements et beaucoup attendent le momentoù ils pourront recevoirà nouveau les sacrements. Telle est la situation générale, une chose similaire a lieu dans notre région, à Medjugorje.

Des pèlerins venaient à Medjugorje tout au long de l'année. Et maintenant, ils ne peuventvivre le message de Medjugorje que dans le cercle de leur famille, dans la paroisse en petits groupes. Bien que nous ayons une rediffusion  qui est suivie par plus de 3 millions de personnes, peut-on dire que nous vivons une nouvelle réalité spirituelle à Medjugorje?

Medjugorje, avant tout, ressemble à un désert, dans le sens où il n'y a personne dans les rues, ou très peu, il n'y a pas de pèlerins, et les habitants de Medjugorje, les paroissiens, n'ont pas accès à l'église à  cause des nombreuses mesures depréventions sanitaire. Il s'agit de familles unies, de plusieurs générations, qui ont encore l'habitude de prier ensemble, et surtout la pratique de la prière du chapelet. D’un autre côté, il y a une retransmission au monde entier de cette liturgie typique de Medjugorje: la messe, l'adoration, et de cette manière est maintenu ce lien entre Medjugorje et les pèlerins qui ressentent eux aussi le désir de ce lieu et attendent le moment où ils pourront retourner à Medjugorje.

Le 12 mai de cette semaine, il y a euun an depuis que le pape François a approuvé les pèlerinages à Medjugorje. Quels sont vos souvenirs  de cet événement, une grande chose  pour nous tous?

Ce fut une grande joie pour nous tous à Medjugorje et je me souviens que nous avons eu le privilège d'annoncer au monde cette déclaration du Saint-Siège de l'église de Medjugorje, de l'église Saint- Jacques l'apôtre, qui est le protecteur des pèlerins,c’est de là qu’est partie cette bonne nouvelle. Je vous rappelle le contenu de cette déclaration: il est permisd’organiser des pèlerinages à Medjugorje auxquelspeuvent participer toutes les catégories de personnes qui composent l'Église, à commencer par la plus grande hiérarchie, cardinaux, archevêques, évêques, prêtres du monde entier, mais aussi toutes personnes,  peuvent venir librement en ce lieu, qui est ennoblit par cette déclaration. Là, les gens trouvent vraiment ce qu'ils ont perdu dans leur vie, ils trouvent Quelqu'un qui les attend là-bas,  c'est Dieu, c'est le Seigneur Jésus, c'est la Mère de Dieu. Ce fut une grande joie, qui s'est répandue dans le monde, car elle souligne le rôle universel de ce sanctuaire, visité par des pèlerins de tous les continents, un sanctuaire vraiment ouvert à l'universalité de l'Église. Nous en sommes heureux et cela montre également l'avenir de Medjugorje, qui doit être vécu au rythme du cœur de l'Église universelle.

Après qu’une année se soit écoulée,comment évaluez-vous cette décision et ses fruits?

Cette décision a porté des fruits visibles : l'augmentation du nombre de pèlerins et du nombre de prêtres qui les accompagnent, de hauts dignitaires de l'église sont également venus, à partir du Festival des jeunes de l'année dernière et cela a duré jusqu'au déclenchement de cette épidémie. Je suppose qu'après l'épidémie, quand elle passera, les pelerins reviendrons dans ce lieutrès charismatique, car c'est le lieu où brille la lumière de l'Évangile, la lumière du Christ.

Cette semaine est riche en fêtes mariales. Le 13 mai, c est l'anniversaire des apparitions de Fatima et de l’attentatsur Jean-Paul II. Vous souvenez-vous de cette journée tragique? Que se passa t-il, comment l'avez-vous appris?

Nous l'avons appris lorsque j'étais en mission au Rwanda. C’était une  nouvelle tragique qui nous a paralysés d'une certaine manière . J'ai appris cela de l'archevêque André Perraudin, nous nous sommes rencontrés dans une paroisse, je m'en souviens, il est venu à midi, et il m'a annoncé la nouvelle. Nous avons tous prié pour que saint Jean-Paul II soit sauvé. Les heures suivant l'assassinat, nous étionsassis  sans souffle, revivant ses expériences dramatiques, la lutte pour sa vie à l'hôpital Gemelli et finalementsa réhabilitation lente, longue et difficile, avec les complications qui l'accompagnaient, ce qui a entraîné un lent retour du pape à ses activités habituelles.Déjà de son lits d’hôpital, de la fenêtre de l’hôpital il bénissait  ceux qui se tenaient devant l'hôpital et priaient pour lui.

Jean Paul II lui-même disait que la main de la Vierge a guidé la balle d’Ali Agca. Il a survécu grâceà la main de la Vierge. La balle a contourné ses organes vitaux et il a survécu.

Bien sûr, le Saint-Père lui-même a dit que c’est Notre-Dame qui a dirigé cette balle qui a contourné ses organes vitaux, c est pourquoi cette balle est maintenant dans la couronne de Notre-Dame de Fatima, puisque  l’attentant a eut lieu le jour del'anniversaire des apparitions de Fatima et que le Saint-Père était un pape marial exemplaire, qui avait dans sa devise épiscopale les paroles : Totus Tuus Maria – tout à toi Marie. Toute sa vie a été vécue dans une profonde spiritualité mariale qu'il a apportée de sa propre maison, qu'il a ensuite façonnée lui-même. Au travail dans la carrière, il portait dans sa poche un livret de Louis Marie de Montfort sur la dévotion à la Bienheureuse Vierge Marie, et plus tard, tout au long de sa vie, il a souligné et développé la mariologie du XXe siècle, dans l'esprit du II. concile du Vatican et du huitième  chapitre de la constitution  Lumen Gentium qui fut le point de départ de toute sa réflexion. Il a également succédé à  un pape marial, Paul VI, qui était conscient que la crise post-conciliaire provoquait l'abandon de la dévotionmariale en tant que dévotion populairecar elle semblait ne pas avoir de valeur pour les intellectuels de l'Église ouverte. Le Saint-Père Paul VI a donc publié trois documents importants sur le culte marial, en particulier le document principal "Marias cultus". Jean-Paul II dès le débuts'est confié à Marie et a constamment parlé d'elle, il faisait des pèlerinages dans les sanctuaires mariaux, dont son premier voyage au Mexique qui avait pour but lavisite à Notre-Dame de Guadalupe. Plus tard, tout au long de son pontificat, il a visité des centaines de sanctuaires mariaux, et grâce à lui, un tableau de la Mère de Dieu a été placé sur la façade du Palais Apostolique et est visible de toute la place Saint-Pierre. Cela montre également l'amour de Jean-Paul II pour la Bienheureuse Vierge Marie.

La dévotion envers la Mère de Dieu à Medjugorjea commencé pendant le  pontificat de Jean Paul II, Père archevêque, connaissez-vous la pensée de Jean Paul II à propos de Medjugorje, à propos de cette dévotion envers la Mère de Dieu?

Jean-Paul II étaittrès favorable à l’égard de Medjugorje et a montré dès le début son intérêt pour ces évènements  que nous découvrons aujourd’hui, car le culte Marial que nous y développons est une dévotion envers la Vierge Marie qui est profondément enracinée dans les apparitions de Fatima. Nous en faisons mémoire aujourd’hui, en cet anniversaire de la premièreapparition qui aeutlieu dans la Vallée de la Paix en 1917. Huit jours plus tard, le pape Benoit XV a introduit dans les Litanies de Lorette l’invocation « Reine de la paix ». Ces apparitions ont protégé notre avenir des conflits en appelant à la conversion, et la conversion signifie introduire la paix entre l’homme et Dieu. C’est ça, la conversion – la paix de Dieu dans le cœur de l’homme. Le manque de paix habite d’abord dans chacun de nous et rayonne négativement sur notre entourage. Aussi longtemps que nous ne nous réconcilions pas avec Dieu et avec notre prochain, nous avons de grandes difficultés à nous réconcilier, à vivre avec les autres comme avec nos frères, enfants du même Dieu.

En parlant de Fatima, je dois vous demander quelque chose qui peut être troublant. Connaissons-nous toutes les apparitions de Fatima? Ont-elles été publiées, savons-nous ce que la Mère de Dieu voulait nous transmettre?

Je pense que le mystère est quelque chose que nous découvrons toujours seulement partiellement. Dans ce domaine, nous n’avons pas de certitude absolue, mais ce qui a été révélé montre plus ou moins le sens de ces apparitions et leur nécessité pour le monde contemporain car ces  apparitions ont lieu dans une perspective apocalyptique, avec un avenir ou règne le combat perpétuel entre le bien et le mal, pour le règne du Christ, afin que son adversaire, qui gouverne ce monde, ne soit plus visible.

Revenons à Medjugorje. De nombreux pèlerins demandent si cette année ils pourront venir au Festival des Jeunes et aux autres grandes manifestations qui ont lieu à Medjugorje?

Nous avons tous la nostalgie du Festival des jeunes. C’est l’évènement le plus important de toute l’année liturgique à Medjugorje, mais tout dépend de la situation épidémiologique. Si elle reste telle qu’elle est, cette année nous aurons malheureusement seulement une forme virtuelle de rencontre avec Medjugorje, mais aucune rencontre physique,réelle. Car non seulement les frontières sont fermées,mais les moyens de transport aussi ne fonctionnent pas, donc il n’y a même pas les conditions nécessaires pour s’y rendre, ce qui signifie que cette année  le Festival des jeunes n’aura probablement pas lieu.

Père archevêque, quand pouvons-nous attendre la décision finale concernant le Festival des jeunes?

Peut-être fin juin, car il faut du temps pour se préparer, et non seulement à Medjugorje au niveau de l’organisation du Festival, il faut que les pèlerins obtiennent toute la documentation nécessaire, organisent les transports etc. pour pouvoir se rendre à Medjugorje.

Votre message pour tous nos spectateurs, pèlerins de Medjugorje, amis de ce lieu. Père Archevêque, que voulez-vous leur dire à la fin de cette rencontre?

Chers amis de Medjugorje, chers pèlerins, chers paroissiens, je m’adresse à vous avec une grande demande: Vivez dans l’esprit de l’espérance, car la mission de Medjugorje est d’éveiller l’espérance, l’espérance théologale, l’espérance de Dieu. Cela signifie que Dieu nous guide toujours avec un grand amour et avec miséricorde, qu’Il nous envoie la Mère de Dieu pour qu’elle nous conduise à Dieu. Elle nous montre toujours Jésus, c’est ce qui se passe à Medjugorje. Je vous prie d’être vraiment ceux qui sèment la paix, la confiance et la présence de Dieu, Lui qui même dans ces moments ne nous quitte pas. Regardez vos vignes, vos oliveraies… elles font penser à la Terre Sainte où Jésus a marché et a vécu. Il reste avec nous toujours à travers les siècles, il nous envoie sa mère pour nous protéger, pour protéger notre paix intérieure, familiale et sociale. Restons donc unis grâce aux medias qui sont actifs en permanence de nos joursafin que vous puissiez  être spirituellement unis à Medjugorje, en priant pour le moment quand nous pourrons nous y retrouver de nouveau et alors nous rendrons grâce à Dieu pour tous les dons que nous avons reçus. Loués soient Jésus et Marie.